POUR MOURIR, LE MONDE de Yan Lespoux - Aguilo Éditions
- Béatrice Arvet
- 24 déc. 2023
- 2 min de lecture
Revenons au temps où la route des Indes se faisait par mer, et où la navigation était rendue périlleuse par des courants capricieux et des rencontres hostiles. De Salvador de Bahia à Goa en passant par Lisbonne ou la côte du Médoc, Yan Lespoux nous embarque sur la flotte portugaise lorsque l’aventure se faisait Histoire.

À 15 ans, Fernando Teixeira avait préféré s’engager dans l’armée portugaise plutôt que de couper les arbres dont étaient façonnés les bateaux. Il échappait ainsi aux gifles d’un père à l’humeur toujours mauvaise. Sur un autre continent, Diogo Silva a assisté impuissant à la canonnade de la flotte hollandaise (1624) qui a réduit en cendres une partie de Bahia, dont la maison de ses parents morts dans l’incendie. Il embarquera avec le fier et intransigeant capitaine dom Manuel de Meneses qui préférera saborder son bateau plutôt que céder aux anglais. Enfin, Marie, partie à Bordeaux se frotter à la ville, reviendra se cacher dans les marécages et les dunes de ses Landes natales après avoir sérieusement amoché le fils d’un armateur trop pressant. Ces trois personnages (et quelques autres fort bien croqués) ballottés par les événements n’ont qu’un objectif, sortir d’une spirale infernale les obligeant à se plier à un destin sur lequel ils n’ont pas de prise.
Batailles navales, naufrages, course aux diamants, inquisition, pilleurs d’épaves, toute la panoplie du parfait conquistador trouve sa place ici. Yan Lespoux s’est inspiré des récits de dom Manuel de Meneses et dom Francisco de Melo pour convertir la conquête des Indes et du Brésil en un roman d’aventures épiques et palpitantes. Dès les premières pages, on se laisse emporter par les vents favorables ou contraires auxquels se confrontent des navigateurs courageux, qui avaient plus de l’aventurier que du marin, d’autant que la plupart ne savait pas nager ; des hommes qui avaient, comme l’indique le titre, « Pour naître le Portugal ; pour mourir le monde » (Antonio Vieira). À offrir sans modération.
Béatrice Arvet
Article paru dans l'hebdo La Semaine du 21 décembre 2023
REPÈRES
Né en 1977, Yan Lespoux est historien et professeur de civilisation occitane à l’université Paul Valéry – Montpellier 3. Il nous avait régalés avec « Presqu’îles » (Aguilo, 2021), 34 courtes nouvelles dans lesquelles il réglait tendrement leur compte aux habitants du Médoc, sa région de cœur.
Je viens de terminer un très beau livre sur le Liban ("Beyrouth-sur-Seine")...et ai lu avec délectation les souvenirs du "Dimanche soir" de Jérôme Garcin (Le Masque et la Plume)...En fidèle des "billets littéraires" de Béatrice, je sens que je vais suivre ses conseils et me laisser embarquer dans l'aventure que nous propose Yan Lespoux …professeur à l'Université ... Paul Valery (!!😊).
Merci pour ce billet aux accents lyriques et héroïques. Tu fais passer le souffle de l'aventure dans ta chronique.