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LA MÈRE DES PALMIERS de Nasim Marashi - Éditions Zulma

  • Béatrice Arvet
  • il y a 2 jours
  • 2 min de lecture

On n’en finit jamais avec les guerres. Quelles soient lointaines ou contemporaines, elles laissent la même désolation dans les cœurs, la même terre brulée sur laquelle aucun sentiment ne peut repousser. Nasim Marashi en fait un roman bouleversant dont l’écriture sensible et douce raconte l’atomisation d’une famille qui avait tout pour être heureuse.

 

Après avoir perdu ses parents, un fils et sa maison durant la guerre Iran-Irak, Naval n’a plus jamais cru au bonheur, contrairement à son mari Rassoul qui a tenté sans relâche de retrouver un peu de joie de vivre. Malgré la naissance de deux filles, elle s’est accrochée au passé, obsédée par son ancienne maison et ce pays sans hommes qu’était devenu l’Iran. Donner un fils à son époux ne l’a pas apaisée. Elle a disparu un jour, laissant Rassoul élever seul les enfants, se débattre avec les problèmes domestiques et oublier ses espoirs de prospérité. Six ans plus tard, celui-ci roule à vive allure vers l’île de Dar-ot-Tale’e avec leur fils Mahziar dans l’espoir d’y retrouver Naval.

Nasim Marashi alterne le point de vue d’un homme prêt à tout pour sauver ce qu’il reste de sa famille et celui d’une épouse au bord de la folie. Sur l’île desséchée par les tempêtes de sable, où ne résident que des femmes au passé dévasté, celle qu’on appelle « la mère des palmiers » trouve matière à réparation en redonnant aux dattiers un peu de vigueur. D’une écriture troublante, parfois allégorique, Nasim Marashi raconte les deuils, l’impossibilité de recommencer, la souffrance d’une femme entourée de ses morts, contrairement à son mari tourné vers la vie. Des mots délicats pour dire la paternité, les forces secrètes reliant une mère à son enfant, l’importance de la virilité dans une société d’après-guerre. Ce récit construit comme une mosaïque livre progressivement les mystères d’un foyer dont la douleur rejoint celle, universelle, de tous les conflits armés.

 

                                                                                                                      Béatrice Arvet 


Article paru dans l'hebdo La Semaine du 20 mars 2025


REPÈRES


Nasim Marashi est née en 1984 à Téhéran. Paru en 2015 en Iran, son 1er roman "L'automne est la dernière saison" (Zulma, 2023) a reçu le prix Jalal Al Ahmad, a été réédité 50 fois et a reçu un accueil international.




 
 
 

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