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FABRIQUER UNE FEMME de Marie Darrieussecq - Éditions P.O.L

  • Béatrice Arvet
  • 1 juin 2024
  • 2 min de lecture

Entre « Clèves » et « Il faut beaucoup aimer les hommes », il manquait un chapitre. De la fin de l’adolescence à la trentaine, Marie Darrieussecq revient sur cette période durant laquelle se forment les destins. Toujours aussi habile à manier les points de vue et l’ironie, elle prolonge sa saga à travers des personnages qui nous ressemblent.

 


Revoilà Rose et Solange, les deux amies d’enfance, période lycée et découverte du sexe. Rose, la raisonnable aux parents parfaits, dont l’énergie calme les chaos intérieurs, convaincu déjà, qu’elle épousera Christian « fiable et loyal » et consacrera sa vie à aider les autres. Solange aussi a des certitudes. Un jour, elle quittera Clèves pour une existence nettement moins minable, pour la « vraie vie », celle dont on parle dans les magazines. Seulement pour l’heure, elle est enceinte, a quinze ans et son avenir vient de « s’écraser contre un mur ».

Comment se « fabrique une femme » ? Pourquoi Rose est si pondérée, si confiante et Solange si impatiente, si impulsive ? Marie Darrieussecq retourne aux fondements, au village natal, à l’environnement familial, à l’éveil de la sexualité, à ce qui pousse deux ados sur des chemins opposés sans que leur amitié n’en soit écorchée (ou presque). Si Rose se projette dans un futur jalonné d’étapes concrètes, Solange avance à l’aveugle, avec pour seul plan d’approcher tout ce qui brille, accrochée à un rêve de célébrité.

L’auteur de « Truisme » a ce talent de composer des personnages familiers, tout en évoquant des époques dont on garde, comme elle, une nostalgie pleine d’autodérision. Phrases courtes et sens de la formule recomposent agréablement ce temps des Bains Douches, de l’apparition du sida, du rêve américain et d’une fin de l’Histoire illusoire. L’amitié avec ses petites trahisons, ses rivalités aigres-douces, le sexe rarement en phase et les hommes, prédateurs ou impuissants, sont au cœur de cet apprentissage de la féminité, de son pouvoir et de ses pièges.

 

                                                                                                                      Béatrice Arvet


Article paru dans l'hebdo La Semaine du 18 avril 2024

 

REPÈRES

 

Née en 1969 à Bayonne, Marie Darrieussecq entre à l'ENS en 1990 et en sort 6ème au concours de l'agrégation. " Truismes " (P.O.L, 1996), son 1er roman publié, connaît un succès immédiat. Écrivain et psychanalyste, elle a publié une vingtaine d’ouvrages. Elle a reçu le prix Médicis pour " Il faut beaucoup aimer les hommes " en 2013.

 

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