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CES FÉROCES SOLDATS de Joël Egloff - Éditions Buchet • Chastel

  • Béatrice Arvet
  • 14 déc. 2024
  • 2 min de lecture

Que pouvaient bien éprouver ces tout jeunes mosellans enrôlés de force dans la Waffen-SS, alors qu’ils étaient nés français et n’avaient aucune sympathie pour l’occupant ? Leur silence était éloquent, mais souvent frustrant pour leurs enfants en quête d’explications. Dans un livre à fleur de peau, Joël Egloff évoque le destin de son père, un « malgré-nous » qui n’a jamais su parler de cette épreuve.


Sur le sujet, il ne reste qu’une lettre et une tentative de raconter, en quelques pages maladroites, vite abandonnées. Dès mars 44, à ses dix-huit ans, le père a été intégré dans la Waffen-SS, alors que l’Allemagne, en pleine déconfiture, avait besoin de chair à canons. Né français en 1926, il est devenu allemand en 1940, puis à nouveau français en 1945, à l’instar de ses parents nés allemands après 1871 et redevenus français en 1919. Ainsi allait la vie des mosellans au gré des guerres et des invasions germaniques. Les noms des villes changeaient, idem pour les rues, les enseignes, les journaux, la monnaie … et au lieu d’adopter la langue de l’envahisseur, on continuait à parler le Platt, le dialecte du coin.

Privé du dialogue espéré de son vivant, Joël Egloff tente de retrouver des traces, se perd en conjectures, essaie de combler les blancs par l’imagination, s’accroche au moindre indice pour tenter de répondre aux questions qui n’ont pas été posées. Il en fait un texte attachant qui reconstitue côté maternel et paternel les exodes, l’enrôlement de force et l’humiliation d’être fait prisonnier par des Américains qui ne connaissaient rien de ces hommes coupés en deux. Un récit émouvant sur ces hommes au destin confisqué.


                                                                                                                      Béatrice Arvet


Article paru dans l'hebdo La Semaine du 8 août 2024


REPÈRES

 

Né en 1970, Joël Egloff est scénariste et écrivain. Il a reçu le prix du livre Inter pour « L’Étourdissement » (Buchet · Chastel, 2005). Il a également publié « Libellules » et « J’enquête » (Buchet · Chastel, 2012 et 2016)

 
 
 

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