top of page
Rechercher

BORGO SUD de Donatella Di Pietrantonio - Éditions Albin Michel

  • Béatrice Arvet
  • 28 mai 2023
  • 2 min de lecture

Donatella Di Pietrantonio continue l’exploration de la famille italienne à travers les relations complexes unissant les deux sœurs de son best-seller, « La revenue ». Un roman, dont le suspens savamment mené, épingle le lecteur jusqu’à la dernière ligne.


Le récit s’ouvre sur une fête estivale, champêtre, joyeuse, où la narratrice et son fiancé, tous deux beaux, amoureux et promis à un avenir sans nuage, avançaient en confiance vers une nouvelle vie. Aurait-il fallu voir un signe dans l’orage qui a éclaté soudainement, laissant une petite tache rouge sur la robe blanche de la narratrice, blessée par la chute d’une gouttière ? Une quinzaine d’années plus tard, devenue professeur d’italien à Grenoble, celle-ci se retrouve dans une chambre d’hôtel de Pescara, terrassée par une nouvelle dont on ne connaîtra la teneur que 190 pages plus tard. Le temps de revivre les multiples épisodes d’une relation aussi houleuse qu’affectueuse avec Adriana, cette sœur impulsive, instable, cash, capable de débarquer en pleine nuit, un bébé dans les bras, poursuivie par on ne sait quel dangereux ennemi.

Qu’ont en commun deux sœurs, élevées par deux femmes différentes, la première en ville, chez des cousins aisés, avec cours de tennis et plage, la seconde à la campagne, sous la coupe de parents pauvres et austères ? Bien qu’elles ne se soient connues qu’à l’adolescence, leurs liens passent par une solidarité à toute épreuve, seule preuve d’une affection muette, malgré l’éloignement, les différences de destin et de caractère.

Durant une nuit d’insomnie à l’hôtel, la narratrice revoit les séquences qui ont scellé deux existences abonnées à la solitude ; son mariage raté, les deuils, les chaos auxquels est abonnée Adriana, le rapport d’incompréhension mutuelle avec les parents, le manque de tendresse d’une mère sans affect dont les prophéties hantent ses filles.

En jouant sur deux intrigues parallèles, Donatella Di Pietrantonio crée des passerelles entre un passé entêtant et un présent fragile, entre ceux qui restent et ceux qui partent. Elle relie des mondes en principe incompatibles, la ville, la campagne et ce village de pêcheur « Borgo sud », une entité à part, dont les habitants sont soudés par des liens plus forts que ceux du sang. Suite de « La Revenue », ce roman, sombre et lumineux à la fois, se lit indépendamment, mais donne très envie d’en connaître la genèse.


Béatrice Arvet


Article paru dans l'hebdo La Semaine du 2 février 2023


REPÈRES


Née en 1962 dans les Abruzzes, Donatella Di Pietrantonio a exercé comme dentiste pédiatrique dans la province de Pescara. Elle a publié son 1er roman « Ma mère est une rivière » en 2011. Elle a reçu le prix Campiello, le prix de Naples et le prix Alassio Centolibri en 2017 pour « L’Arminuta » (La Revenue, Seuil 2018).


 
 
 

Comments


bottom of page